Chers frères et sœurs dans le Christ, Vous qui êtes venus en si grand nombre participer à ce pèlerinage national, ainsi que vous tous qui suivez chez vous par les médias. Nous, évêques de Madagascar, nous vous adressons notre profonde gratitude pour avoir répondu à notre invitation et pour avoir fait vivre spirituellement ce jubilé initié par le Pape François. Avec vous, nous reprenons le chant de Marie : « Mon âme exalte le Seigneur » et nous redisons avec elle : "Que rendrai-je au Seigneur pour tout le bien qu’il m’a fait ?"....

Ce pèlerinage coïncide avec notre reconnaissance envers le Pape François, qui nous a offert cette année comme année jubilaire de l’espérance et de la joie indicible, en union avec l’Église universelle. Il nous a également été donné la joie d’accueillir un nouveau Pape, Sa Sainteté Léon XIV. Aucun de nous n’a oublié l’amour particulier que portait le Pape François pour Madagascar, lui qui a conservé précieusement dans son cœur et dans son bureau les bons souvenirs de sa visite chez nous en 2019. Quelle tristesse ce fut d’apprendre son départ vers la Maison du Père, après son hospitalisation. Mais tous reconnaissent combien il a accompli de grandes choses, et ce jubilé que nous célébrons aujourd’hui est encore un don de Dieu à travers lui.

Alors que nous étions encore dans la peine, nous avons reçu la joie du Christ ressuscité, qui a dit à son successeur élu, Léon XIV : " La paix soit avec vous tous ". C’est cette joie pascale que nous vivons ensemble aujourd’hui.

Félicitations à nous tous ! Nous avons reçu un nouveau Pape, et nous avons été comblés de grâces à travers ce pèlerinage !

Nous allons maintenant retourner chez nous à nos lieux de vie, mais nous, vos évêques, souhaitons vous laisser une semence spirituelle afin que ce temps vécu ensemble ne soit pas une simple parenthèse, mais qu’il porte du fruit dans notre vie spirituelle et quotidienne.

Nous avons consacré notre pays au Sacré Cœur de Jésus. Il est bon de rappeler encore que le Cœur de Marie est le chemin le plus court pour arriver au Cœur de Jésus. Le cœur, nous le savons, n’est pas seulement un organe vital, mais le lieu même où réside et d’où jaillit l’amour. Il n’existe pas de véritable amour qui ne parte du cœur. Et ce Cœur à qui nous avons confié notre nation est un Cœur Sacré, ce qui le rend unique. Dieu seul est saint ; ainsi, le Cœur de Dieu qui bat pour nous tous est un Cœur d’amour, auquel nous avons confié notre nation. Aimer, c’est toujours rechercher le bien de l’autre. Le Cœur de Jésus nous a été donné comme modèle parfait pour apprendre et vivre le vrai amour.

C’est donc là que repose le message essentiel pour nous tous :

Nous ne pouvons pas simplement proclamer que le Cœur de Jésus est saint sans chercher à imiter cet amour dans notre vie.

Vous tous ici rassemblés ou nous suivant à travers les médias à la maison, seuls ou en famille, vous êtes envoyés pour être des cœurs battant comme celui de Jésus, pour vivre et répandre son amour là où vous êtes : dans vos familles, à l’école, au travail, en politique, dans la recherche du bien commun, dans la société, dans le respect de l’environnement, en ville comme au village… Le Cœur de Jésus est sacré, et nos cœurs le deviennent aussi lorsqu’ils reposent en lui et imitent son amour.

Nous sommes tous invités à aimer et à être aimants. Ce n’est pas par de belles paroles que l’on aime, mais par des actions visibles et concrètes. Ainsi, nous, vos évêques, vous redisons cette parole de saint Augustin :  "Aime vraiment, et fais ce que tu veux".

Montrez dans tout ce que vous faites que votre cœur est celui de Jésus. Éloignez-vous du mal, de la vengeance, de la médisance gratuite, de la corruption, des mensonges, de la calomnie, des insultes injustifiées sur les réseaux sociaux… Toutes ces attitudes font partie de notre quotidien, mais elles ne sont pas des signes d’amour, donc elles ne conviennent pas à un cœur uni au Cœur de Jésus.

Efforcez-vous d’être pleins d’amour, de miséricorde et de pardon pour construire la paix, d’abord en vous-mêmes, et ensuite autour de vous, dans tout le pays. Augmentez en vous l’amour du prochain, car le cœur ne bat pas seulement pour lui-même, mais pour les autres. Voilà ce que nous avons célébré spécialement pendant ce pèlerinage : le Cœur de Jésus qui n’a pas gardé son amour pour lui, mais l’a offert au monde. Ayez le courage de sortir de l’amour égoïste pour aimer les autres : vos frères humains, la nature, et Dieu qui nous aime infiniment. Une société stable ne se fonde jamais sur des haines. Et sans amour, selon l’enseignement de Jésus, il n’y aura pas de société malgache apaisée et fraternelle. Seul un amour sincère et non hypocrite peut donner une image digne à notre monde.

Nous, évêques, avons la conviction que même si seuls les catholiques fervents vivant du Cœur de Jésus faisaient rayonner l’amour dans leurs actes et engagements, cela suffirait déjà à transformer notre société et notre pays.

Mais ce n’est pas encore pleinement le cas. C’est pourquoi nous vous exhortons à retourner chez vous en semant davantage d’amour, et à prier le Cœur de Jésus pour que nos cœurs lui ressemblent.

Enfin, nous sommes dans une année jubilaire de l’Espérance. Et l’espérance la plus haute, c’est Jésus ressuscité. Fondez votre foi et votre espérance sur lui, car il est le seul qui ne vous trahira jamais. C’est le Christ ressuscité qui a fondé l’Église, d’où notre joie aujourd’hui d’appartenir à cette Église et d’y célébrer notre foi. Ayez le courage d’être de vrais catholiques, pleins d’espérance, qui peuvent changer le monde, s’ils sont enracinés en Christ. N’ayez pas honte de votre foi catholique, mais ne soyez pas des catholiques arrogants. Soyez des catholiques remplis d’amour, dont le cœur bat à l’unisson du Cœur de Jésus. Ne soyez pas seulement catholiques de nom, mais dans vos actes et dans votre esprit. Ne vous laissez pas décourager par les épreuves de la vie, ne cédez pas à l’injustice, à la corruption, au favoritisme. Ayez toujours confiance en Dieu, quoi qu’il arrive. Prenez soin les uns des autres, selon notre belle sagesse malgache : " Une maison du nord et une du sud, que celui qui est sans abri y trouve refuge. " Que notre société ne soit jamais détruite par la violence ou l’injustice, et que les puissants ne s’enrichissent pas au détriment des petits, parce que notre peuple est rempli de chrétiens au cœur semblable à celui de Jésus, et pleins d’espérance.

Nous, vos évêques, vous bénissons, en vous accordant l’indulgence plénière liée à tous les efforts spirituels que vous avez accomplis durant ce pèlerinage. Que la bénédiction de Dieu vous accompagne jusqu’à votre retour chez vous. Que vos cœurs soient remplis de joie, parce qu’ils sont remplis de Jésus, et que cette joie dure, puisqu’elle vient de celui qui est ressuscité et vivant, celui qui nous a promis la paix et qui demeure avec nous pour toujours. Dites à vos proches la joie des évêques d’avoir prié avec vous si nombreux. Et transmettez-leur que nous prions sans cesse pour vous et pour notre chère patrie.

Ô Jésus doux et humble de cœur, rends nos cœurs semblables au tien.

Que Dieu vous bénisse abondamment !